Saison 2017 de pêche à la mouche en barque irlandaise sur le lac du Drennec
Le lac du Drennec, est-il besoin de la rappeler, est un écrin d’eau claire et pure d’une superficie de 110 hectares, situé en tête de bassin de la rivière Elorn, au pied de la chaine des Monts d’Arrée dans le Finistère.
Un résumé vidéo sera désormais réalisé à l’issue de chaque saison de pêche.
Il s’agit d’un de mes principaux terrains de jeu et d’enseignement de la pêche à la mouche, le plus souvent à l’aide de ma grande barque irlandaise, mais également depuis la rive pour les groupes.
La qualité de pêche y a été assez bonne en 2017 compte-tenu du maintien de bons niveaux d’eau. Le déficit de remplissage du début de saison (hiver 2016/2017 très sec) pouvait faire craindre le pire, mais le Syndicat de bassin de l’Elorn, gestionnaire du barrage et des débits, a réussi à reconstituer la masse d’eau jusqu’à la côte maximale (8,7 millions de m3) avant la fin du printemps. Résultat, les niveaux sont restés importants jusqu’au cœur de l’été, avec une baisse progressive jusqu’au début de l’automne, mais rien de comparable à 2016.
La sortie de la réciprocité fédérale a eu l’effet extrêmement bénéfique de limiter le prélèvement ce qui fait que même si les empoisonnements ont diminués de moitié en 2017 faute de moyens pour l’AAPPMA de l’Elorn (la Fédération 29, avec le soutien du financier du Conseil Départemental, finançait les poissons), la qualité de pêche s’est nettement améliorée.
De nouvelles conditions de pêche sur le lac du Drennec
Les viandards ont déserté l’endroit car pour pêcher le Drennec, il faut à nouveau (situation antérieure au classement GLI du plan d’eau) être membre de l’AAPPMA de l’Elorn, soit à l’année: 132€ ou 12€ à la journée, trop cher pour cette catégorie de pêcheurs qui résonnent souvent sur le principe de la “rentabilisation” du permis de pêche. Quelle médiocre idée de la pêche de loisir…
En 2015 et 2016, on pêchait conjointement les lacs du Drennec et de Saint-Michel pour 30€ par an, avec toutes les dérives que l’on peut imaginer en matière de prélèvements et de méthodes de pêche, sans oublier de comportement au bord de l’eau, avec la possibilité de passer d’un lac à l’autre dans la même journée.
Nous sommes évidemment encore loin des densités des réservoirs UK, mais la qualité du poisson est en nette amélioration. Nous avons capturé et relâché de magnifiques arcs qui ne demandent qu’à grandir, et les plus grosses approchaient les 60 cm !!
La population de truites fario sauvages est en très nette progression. Nous avons pris cette année, plus de farios, qu’au cours des 5 dernières années : environ 25 farios mises à l’épuisette en 2017, contre à peine 3 ou 4 en 2016!), les plus belles approchant les 50 cm.
Terminés les cartons en plein cœur de l’été réalisés aux leurres souples sur des truites réfugiées dans des poches d’eau fraîche sous la thermocline, ou dans les arrivées d’eau. Je l’ai vu.
L’AAPPMA de l’Elorn a pour 2018 négocié de beaux et gros poissons (pisciculture INRA sous le barrage) pour limiter la prédation des cormorans. Cette prédation a semblé diminuer en fin de saison, peut-être que les oiseaux se sont rabattus sur les rivières du secteur dont les niveaux étaient au plus bas! Ce qui est clair, c’est que la population de poissons blancs du lac a très nettement régressée. Prédation des cormorans, des truites, conditions de reproduction défavorables, les hypothèses ne manquent pas et nous n’avons pas vu les habituelles scènes de fry feeding à l’automne. L’interdiction d’une autre méthode que la pêche à la mouche lorsqu’on opère en bateau, qui a toujours été souhaitée par l’AAPPMA de l’Elorn, est à l’évidence une excellente évolution.
La pêche en lough style sur le lac du Drennec
La pêche en lough style sur le Drennec se rapproche désormais plus de la pêche d’un lac naturel (ou d’une rivière) que d’un réservoir classique.
Les facteurs météo influent énormément sur les résultats de la pêche. Si la température de surface est trop élevée, le poisson plonge dans les profondeurs et n’y est pas toujours actif.
Il faut alors avoir recours à des soies ultra-plongeantes Di6 et Di7 (RIO InTouch Deep) et utiliser les bonnes mouches pour séduire quelques poissons.
Si le vent est défavorable, Nord-Nord-Est et que le ciel est clair et sans nuages, les choses se compliquent. La truite du Drennec déteste le grand soleil et le mauvais vent. C’est dans ces conditions à priori défavorables qu’une connaissance approfondie du plan d’eau et des techniques de pêche sous l’eau font vraiment la différence, au bénéfice de mes stagiaires.
La pêche du bord est encore plus aléatoire quand la météo n’est pas favorable. Nous avons plusieurs fois réalisé de belles pêches de surface dans les lignes de vent au centre du lac, sur des fonds de 12 à 15 m, alors qu’en raison de la température plus élevée des zones littorales, pas un poisson ne s’approchait des rives. Nous avions recours à des soies flottantes ou peu plongeantes (RIO InTouch Subsurface lake series), de longs bas de ligne et des méthodes avancées d’animation et de récupération.
A la faveur de bons vents d’Ouest et d’une belle vague, limite moutonnante, nous avons vécu des moments de pur bonheur en surface, principalement sur des Daddy Longs Legs (FM Daddyhog & DLL Raphia) et des coléoptères (série Devaux JBT). Il fallait pêcher vite et juste, pas toujours évident pour les stagiaires débutants ou peu habitués à la pêche de poissons hyper véloces s’alimentant frénétiquement en surface. Bien souvent, le temps de réaction du pêcheur était trop long pour présenter le train de mouches avant que le poisson ne passe sous le bateau.
Les particularités de la pêche en Lough style
Ce type de pêche, plein de subtilité, réclame un certain temps d’adaptation, particulièrement lorsque le vent souffle fort et que le bateau dérive plus rapidement que d’ordinaire. Une des clés, entre autres, est de ne pas avoir trop de soie sur l’eau, afin de relancer rapidement sur la trajectoire du poisson, en un minimum de battements. A noter que la barque irlandaise utilisée pour mon activité de guide de pêche à la mouche, Sheelin boat long de 5,80 m, est spécialement conçue pour ne pas dériver trop vite même par vent fort et belles vagues (profil à clins). Sur le lac du Drennec, on n’a que très rarement besoin d’avoir recours au frein d’une ancre flottante en raison de son poids relativement important.
Nous avons également eu quelques résultats très intéressants en pêchant ancré en washing line ou avec des chiros et crunchers (les modèles de mon confrère Iain Barr, dont je suis revendeur officiel, ont parfois fait la différence) en soies flottantes et midge tip. En avril, mai et juin, nous avons trompé plusieurs jolies farios comme cela, avec de belles touches, soit très subtiles, ou alors carrément violentes, sur le “lift” ou le “hang”.
Au plus chaud de l’été, pour réussir, il fallait privilégier les premières heures du jour et j’ai très souvent fait lever mes stagiaires de très bonne heure. Ils ne l’ont jamais regretté car nous avons le plus souvent vécu d’intenses séquences de pêche sur des poissons attablés en surface à l’aube dans les eaux encore fumantes des premiers instants du jour, bien avant que le soleil et ses rayons ne poussent les poissons vers les profondeurs. Des ambiances féériques, en pleine nature.
En fin de saison, nos avons réalisé de superbes pêches au streamer (les Zonkers Skull Head de Fulling Mill ont été particulièrement efficaces) et en noyée (FM Cruncher Traffic Light Olive & Killer, FM Hopper Olive, BFF Drennec Woodcock™) avec plusieurs journées avec de 15 à 30 poissons piqués à deux pêcheurs (en flottante et intermédiaire).
Le 28 octobre, soit 3 jours avant la fin de saison sur le Drennec, avec mon ami Christian, nous avons fait “notre fermeture” (je partais guider en Angleterre le 30) et avons fait un “carton” au streamer (Mini leurres type FM Cormorant UV ou Cat Straggle) sur des poissons en mouvement en surface, en noyées dans le film et en sèche (Florian EMC en #18, Shipman’s Emerger, petit terrestres).
En fin d’après midi, nous avons enchainé les dérives face à la rive Est. Pendant 2 bonnes heures, tous les poissons du lac semblaient s’y être donnés rendez-vous. Nous y avons vu des centaines de truites remonter sans cesse les lignes de vent, arcs comme farios. Un spectacle rassurant pour l’avenir et le guide de pêche que je suis. Elles n’étaient pas faciles à séduire pour autant, ensauvagées à souhait et nourries de l’expérience d’avoir su déjouer les pièges des prédateurs et des pêcheurs, tout au long de la saison pour certaines d’entre-elles.
En fin d’après midi, nous avons enchainé les dérives face à la rive Est. Pendant 2 bonnes heures, tous les poissons du lac semblaient s’y être donnés rendez-vous. Nous y avons vu des centaines de truites remonter sans cesse les lignes de vent, arcs comme farios. Un spectacle rassurant pour l’avenir et le guide de pêche que je suis. Elles n’étaient pas faciles à séduire pour autant, ensauvagées à souhait et nourries de l’expérience d’avoir su déjouer les pièges des prédateurs et des pêcheurs, tout au long de la saison pour certaines d’entre-elles.
Une belle saison de pêche à la mouche
Au final une saison passionnante sur ce lac magique qui ne s’arrête jamais de nous étonner, par les scènes de nature qu’il propose (poissons, oiseaux, mammifères, insectes), la variété des types de pêche à la mouche qu’il permet et son cadre sans cesse changeant au gré des conditions météorologiques, des niveaux d’eau et des saisons.
Et toujours ce sentiment de liberté et de quiétude induite par la navigation silencieuse en barque irlandaise (électriquement propulsée). Sans oublier le mystère des profondeurs qui entretien l’espoir de la capture d’une vie.
A l’heure où j ‘écris ces lignes, le lac est quasiment plein, à la faveur des semaines de précipitations sur les Monts d’Arrée. L’île qui n’en était plus une depuis la fin du printemps, l’est redevenue. Les ruisseaux affluents du lac, Mougau et haut-Elorn sont en crue et les œufs de truites, ensevelis sous le gravier, ne devraient pas mettre bien longtemps à éclore si les températures restent aussi douces (temps d’incubation : 200°C/jour soit 20 jours à 10°C ou 40 jours à 5°C.
Aux dernières nouvelles, on a assisté à une nette amélioration des montaisons, avec 160 géniteurs comptabilisés à la trappe du Mougau, malgré un échappement vraisemblablement important du fait des fortes eaux. On peut estimer que 200 géniteurs, dont quelques beaux spécimens (sur la photo ci-dessous : un poisson d’env. 2 kg) ont rejoint le principal axe de migration des truites du lac au cours du mois de décembre. Sans oublier tout ce qui n’est pas comptabilisé sur l’Elorn, autre axe de migration.
Pêche à la mouche sur le lac du Drennec – Côté pratique :
Pas de changements réglementaires pour 2018. Fermeture au 31/10 (*je le regrette amèrement car Novembre est un mois génial sur le Drennec et l’impact négatif de la pêche à la mouche no-kill sans ardillon avec épuisette mailles fines sur les farios sauvages n’est à mon sens qu’un fantasme, mais cette opinion n’engage que moi évidemment…)
Dates de pêche et prélèvements – Bon à savoir :
Prélèvement: 3 truites/jour max. 50/an. Minimum 30 cm. Sur le parcours mouche (du bord et en bateau), no-kill fario intégral. Mouche artificielle hameçon simple exclusivement.
Après la fermeture générale en 1ère catégorie (à priori en 2018: ouverture le 10/03, fermeture le 16/09), fly only sur l’ensemble du lac et no-kill intégral pour la fario.
Pour en savoir plus sur mon activité de guide de pêche sur le lac du Drennec, vous pouvez :
1 – Consulter les rubriques dédiées du site :
2- Lire les derniers articles page « REVUE DE PRESSE »
Articles parus dans les magazines mouche européens consacrés au lac du Drennec et mes activités de guide de pêche : Trout Fisherman, de Vlaamse Vliegvisser et le Pêcheur Belge